Pologne: La présidente de la Cour suprême n'entend pas se soumettre au politique

Après la Commission européenne hier, c’est au tour de la présidente de la Cour suprême polonaise Malgorzata Gersdorf de mettre la pression sur Varsovie. Invité à se rendre à la présidence polonaise cet après-midi pour se voir signifier par le président Andrzej Duda sa mise à la retraite anticipée, celle-ci a déjà prévenu qu’elle s’opposerait vraisemblablement à cette décision, se sentant «présidente de la Cour» jusqu’au 30 avril 2020, conformément à la prolongation de son mandat acté jeudi dernier par l’Assemblée générale de l’institution judiciaire.

Au cœur de la discorde, la décision de l’exécutif polonais d’abaisser l’âge de départ à la retraite des juges de la Cour Suprême de 70 à 65 ans afin de «briser une caste de juges», qu’ils considèrent «corrompue» et «descendant de ses prédécesseurs communistes». Une décision qui impliquerait le départ d’ici demain, d’un tiers des juges actuellement en place. Pour Bruxelles et l’opposition centriste polonaise, plus sûrement une volonté du parti au pouvoir Droit et Justice (PiS) de prendre le contrôle de l’appareil judiciaire aux dépends de l’équilibre des pouvoirs et des articles 19§1 du traité de l’Union européenne et 47 de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

Un rassemblement populaire de soutien aux juges et à l’institution judiciaire devrait également se tenir dans la soirée, place Krasińskich, devant la Cour suprême.

 

Photo : Malgorzata Gersdorf / The Chancellery of the Senate of the Republic of Poland sous creative commons