Renforcement du Partenariat privilégié UE-Tunisie sur fond d'inquiétudes sociales

Alors que s’ouvre aujourd’hui le Conseil d’Association de l’Union européenne avec la Tunisie la Commission européenne a publié hier un nouveau rapport relevant «des progrès importants» au cours de l’année écoulée dans le cadre du partenariat privilégié UE-Tunisie. «Ceci s’est traduit en 2018 par un ensemble de mesures d’aide financière se chiffrant à 305 millions d’euros, notamment sous forme de dons, dans des secteurs clés comme l’appui à l’innovation et les start-ups, la jeunesse, l’efficacité énergétique, la diversification du tourisme et à la rénovation des quartiers populaires», a souligné à cette occasion Johannes Hahn. «Au cours de cette même période, a poursuivi le commissaire à la politique européenne de voisinage et aux négociations d’élargissement, conjointement avec huit institutions financières européennes et internationales, j’ai lancé une initiative sans précédent afin de mettre l’accent sur l’importance pour la Tunisie de mettre en œuvre au plus vite ses engagements de réformes dans les domaines socioéconomiques pour le bénéfice de tous les Tunisiens». Un volontarisme qui s’explique, pour sa collègue Federica Mogherini – la haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité – par un devoir envers «les Tunisiens et l’avenir de la jeunesse spécifiquement» d’«accompagner l’établissement d’un état de droit démocratique durable, d’un pays sûr et prospère».

Engagée depuis 2011 dans une transition démocratique « qui reste une source d’espoir au niveau régional et au-delà », relève le Berlaymont, Mais un espoir fragile à la veille des élections à venir cet automne, où de Tunis, Sousse, Monastir, Kairouan ou Nabeul, un même sentiment se dégage des personnes interviewées par EuTalk au cours des dernières semaines. Loin des satisfecit officiels, les témoignages affichent une profonde lassitude face aux apports d’une Révolution que certains qualifient même de « volée ». En cause, les faibles perspectives d’embauche, des salaires d’une grande faiblesse ( 250 euros mensuels pour un ingénieur junior, à titre d’exemple, un peu plus de 120 parmi les employés administratifs rencontrés), une paupérisation croissante des ménages, des « hausses tarifaires régulières », l’enrichissement réel ou présumé de quelques élites – en exercice ou hors du pays – qui creuse les inégalités. Une autre réalité, un enjeu pour les années à venir, également souligné en filigrane par le rapport, qui note parallèlement que « la transition ne pourra s’inscrire dans la durée que si elle est accompagnée par des avancées économiques et sociales de même envergure ».

Photo: ChN pour EuTalk / Sousse – Face à la mer / tous droits réservés