Recours collectifs européens: Premier accord Parlement-Conseil

Inscrite dans la Nouvelle donne pour les consommateurs, lancée en avril 2018 par la Commission européenne pour renforcer la protection des consommateurs dans l’UE, la directive sur l’action représentative vient de franchir un nouveau pas. Réunis hier soir lundi, les négociateurs du Parlement et du Conseil sont parvenus à un accord sur les premières règles européennes relatives au recours collectif.

«Celles-ci introduisent un modèle harmonisé d’action collective dans tous les États membres qui garantit aux consommateurs qu’ils sont bien protégés contre les préjudices de masse, tout en prévoyant des garde-fous adéquats afin d’éviter les poursuites abusives», a annoncé aujourd’hui le Parlement. «La nouvelle législation vise également à mieux faire fonctionner le marché intérieur en améliorant les outils permettant de mettre un terme aux pratiques illégales et de faciliter l’accès à la justice pour les consommateurs».

«Nous avons cherché un équilibre entre la protection légitime des intérêts des consommateurs et la nécessité de la sécurité juridique pour les entreprises», a commenté le rapporteur Geoffroy Didier (PPE, FR). «Chaque État membre disposera d’au moins une entité qualifiée pour exercer un recours et devra mettre en place en même temps des garde-fous contre les recours abusifs. L’Europe doit devenir un bouclier qui protège les citoyens. Cette nouvelle législation offre de nouveaux droits aux consommateurs dans leur vie quotidienne et démontre que l’Europe peut faire la différence».

Parmi ses principales dispositions, l’accord prévoit ainsi au moins une procédure d’action représentative pour les mesures d’injonction et de réparation à la disposition des consommateurs dans chaque État membre, permettant une action représentative aux niveaux européen et national. Les entités qualifiées (associations ou organismes publics) seront habilitées et soutenues financièrement pour lancer des actions d’injonction et de réparation au nom de groupes de consommateurs et garantiront l’accès des consommateurs à la justice. Concernant les critères de désignation pour les entités qualifiées, les règles distinguent les cas transfrontaliers des cas nationaux. Dans le premier cas, les entités devront se conformer à une série de critères harmonisés. Elles devront démontrer 12 mois d’activité en faveur de la protection des consommateurs avant de demander à être désignées comme entité qualifiée, avoir un caractère non lucratif et garantir leur indépendance vis-à-vis des tiers dont les intérêts économiques s’opposent à ceux des consommateurs. Pour les actions nationales, les États membres fixeront eux-mêmes les critères en cohérence avec les objectifs de la directive. Ces critères pourront être identiques à ceux des actions transfrontalières.

Toujours au titre des dispositions prévues par l’accord, les règles instaurent un équilibre entre l’accès à la justice et la protection des entreprises contre les recours abusifs grâce à l’introduction par le Parlement du principe «perdant payeur», qui garantit que la partie perdante paye les frais de procédure de la partie gagnante. Toujours pour éviter les recours abusifs, les négociateurs du Parlement ont également tenu à ce que les tribunaux et les autorités administratives puissent décider de rejeter les affaires manifestement infondées au stade le plus précoce possible du recours. Les négociateurs ont convenu que la Commission devra évaluer l’opportunité de créer un médiateur européen pour les recours collectifs afin de traiter les actions représentatives transfrontalières au niveau de l’Union.

Enfin, le champ des recours collectifs inclura les infractions commerciales dans des domaines tels que la protection des données, les services financiers, les voyages et le tourisme, l’énergie, les télécommunications, l’environnement et la santé, ainsi que les droits des passagers aériens et ferroviaires, en plus de la législation générale de protection des consommateurs.

A ce stade de la procédure, le Parlement dans son ensemble et le Conseil devront désormais approuver l’accord politique. La chose faite, la directive entera en vigueur 20 jours après sa publication au Journal officiel de l’UE. Les États membres auront alors 24 mois pour la transposer dans leur législation nationale, et six mois supplémentaires pour la faire appliquer.

Photo: Geoffroy Didier / Photographe : Philippe Stirnweiss / European Union 2019 – Source: EP