Pologne: La fin de la séparation des pouvoirs?

«Il n’est pas habituel que nous sortions en robe pour protester contre le fait de priver les gens de leur droit à la justice», déclarait samedi Krystian Markiewicz, président de l’Association polonaise des juges Iustitia. «Nous faisons cela pour les citoyens.» Noeud de la discorde, ce que le corps judiciaire considère comme une nouvelle attaque contre son indépendance envers le parti au pouvoir. Approuvé le mois dernier par la chambre basse du Parlement polonais, un projet de loi pourrait prochainement autoriser l’Etat de « discipliner » les juges qui remettent en question les réformes gouvernemantales, ceci au motif d’une plus grande efficacité judiciaire selon le parti au pouvoir, le parti Droit et Justice (PiS). Aux slogans «droit à l’indépendance» et «droit à l’Europe» plusieurs milliers de personnes, selon Reuters, auraient en réaction rejoint samedi la manifestation qualifiée de «Marche des 1 000 robes», dirigée par un groupe de juges issus de 22 pays européens, dont l’Allemagne, la France et l’Espagne. Dernier recours politique pour les opposants à la réforme : La chambre haute du Parlement, où l’opposition dispose d’une faible majorité, à ceci près que le dernier mot législatif devrait revenir à la chambre basse contrôlée par le PiS. De quoi, pour Filipe Marques, Président de l’association des magistrats européens MEDEL, « signer la fin de la séparation des pouvoirs en Pologne». Et Tomasz Marczyński, le vice-président de l’association de juges polonais Iustitia, de conclure: «Si dans un pays les juges pouvaient être empêchés d’exécuter ou d’appliquer les décisions de la Cour européenne de justice alors ce sont les droits de tous les citoyens européens qui seraient bafoués, pas seulement ceux des Polonais».

Photo: Photo: Cour suprême polonaise / Wikipedia