Pauvreté des travailleurs: ce que demande le Parlement

«L’UE a besoin de normes minimales et de systèmes de sécurité sociale forts. Nous avons besoin de salaires et de revenus qui permettent de mener une vie décente». Semaine dernière, depuis le Parlement, la rapporteure Özlem Demirel (GUE/NGL, DE), s’est avec ses collègues, montrée sans grandes concessions. Afin de lutter contre la pauvreté des travailleurs, les députés demandent désormais un salaire minimum et plus de soutien pour les personnes à risque comme les femmes et les travailleurs atypiques, alors que seuls 21 pays de l’Union disposent d’une législation nationale établissant un salaire minimum et que 6 pays (Danemark, Italie, Chypre, Autriche, Finlande et Suède) ont fixé un salaire minimum protégé par des accords collectifs. Une demande parlementaire de bon sens, presque essentielle, à l’heure où, les comptes faits, près de 10% des travailleurs de l’UE vivent déjà (ou encore) dans la pauvreté et 21,7% de la population de l’Union européenne est menacée de pauvreté ou d’exclusion sociale. Près d’un quart des citoyens… Pis, ce ratio, prédisent certains, pourrait encore augmenter à mesure que la crise pandémique actuelle exacerbe les inégalités et risque de faire basculer d’avantage d’Européens vers la précarité.

Pour lutter contre ces inégalités, les députés européens ont ainsi appelé la Commission européenne et les Vingt-Sept à inclure la prévention de la pauvreté des travailleurs dans leur objectif global visant à en finir avec la pauvreté dans l’Union. Leur constat est clinique, socialement violent: le principe selon lequel «le travail est le meilleur remède à la pauvreté» ne s’applique pas aux secteurs à bas salaires ni aux personnes exerçant un travail précaire ou atypique. En conséquence, dans un rapport adopté le 9 février (365 votes en faveur, 118 contre et 208 abstentions), les députés européens demandent que le montant du salaire minimum soit relevé au-dessus du seuil de pauvreté et ont salué la proposition de la Commission pour des règles européennes sur un salaire minimum adéquat, jusqu’à le qualifier «d’étape importante pour s’assurer que tout citoyen puisse vivre dignement grâce à son emploi et participer à la société». Autre point important, ceux-ci ont également souligné que les employeurs ne devraient pas déduire du salaire minimum les frais nécessaires à l’exécution du travail (frais de logement, coût du matériel).

Afin de lutter contre la pauvreté des travailleurs, les députés ont par ailleurs déclaré que le cadre législatif européen sur des conditions de travail minimales devait être étendu à tous les travailleurs, y compris aux travailleurs atypiques de l’économie numérique, qui travaillent souvent dans des conditions précaires. Selon les députés, ces travailleurs devraient également être protégés par la législation du travail et par les dispositions existantes en matière de sécurité sociale.

Dans l’Union européenne, notent enfin les élus, les femmes peuvent gagner jusqu’à 15% moins que leurs homologues masculins, entre autres, en raison de leur participation jugée plus faible dans le marché du travail. Les députés ont pressé les pays de l’UE à mettre en œuvre la directive sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée afin de régler ce problème. Les femmes étant plus exposées au risque de pauvreté que les hommes, les députés ont demandé une action rapide pour mettre fin à l’écart salarial entre les sexes et garantir un accès abordable et de qualité aux services de garde d’enfant.

Photo: Photographe: Dominique Hommel / European Union 2018 – Source: EP