Parlement: le Coronavirus s'invite dans la bataille du siège

Alors que milieu de semaine les services du Parlement soutenaient mordicus que la première session de mars se tiendrait bien comme prévu à Strasbourg, retournement de situation la nuit dernière, David Sassoli, le Président de l’institution, annonçant qu’en «raison de force majeure, la plénière de mars se tiendrait à Bruxelles» et non dans la capitale alsacienne. «J’ai reçu aujourd’hui à 18 heures un rapport précis du service médical du Parlement sur l’évolution du COVID-19 qui nous informe ‘que les risques pour la santé sont considérés comme nettement plus élevés si la session plénière du Parlement a lieu à Strasbourg’», s’est-il justifié par courrier auprès de l’ensemble des élus. «Sur la base de ce rapport, en raison d’un cas de force majeure, j’ai décidé qu’il n’y avait pas les conditions de sécurité nécessaires pour le transfert habituel du Parlement européen à Strasbourg lors de la prochaine session plénière».

Rejoignant sur le fond l’eurodéputé irlandais Mick Wallace (indépendant – membre du groupe de gauche radicale GUE) qui lui avait demandé par écrit de «tirer des leçons de ce qu’ont fait les Chinois qui semblent avoir obtenu un certain contrôle de la propagation du virus en limitant les déplacements et les mesures d’isolement», David Sassoli a notamment suscité l’ire de l’eurodéputé Arnaud Danjean qui a qualifié ce choix de «ridicule, scandaleux, et irresponsable». «En quoi Bruxelles est moins exposée que Strasbourg? Décision de la bulle hors-sol perdue dès qu’elle s’aventure hors du Km2 européen de Bruxelles», l’a ainsi apostrophé sur Twitter l’élu PPE.

Plus modérée dans ses propos, la députée pro-Bruxelles Karima Delli (Verts/ALE) a relevé que «bien qu’il ne faille pas céder à la panique, je respecte la décision de M. Sassoli d’appliquer ici le principe de précaution. La volonté est de limiter les déplacements pouvant favoriser la contagion». Un positionnement là encore jugé absurde par la députée européenne alsacienne Anne Sander (PPE) qui déjà, début de semaine, relevait qu’autant il fallait «agir avec prudence pour protéger tout le monde, autant je ne vois pas en quoi ce serait plus protégé à Bruxelles. La logique aurait alors voulu qu’on réclame l’annulation de tous les événements cette semaine de travail en commission parlementaire à Bruxelles, d’autant plus qu’on vient tous de passer une semaine dans nos circonscriptions!».

Informé de cette décision, le maire de Strasbourg, Roland Ries, s’est pour sa part contenté de prendre «acte de cette décision», tout en réaffirmant sa volonté que se tiennent douze sessions plénières du Parlement européen à Strasbourg en 2020. Une demande entendue par David Sassoli qui s’est engagé à «reprogrammer une session plénière à Strasbourg conformément aux traités». De quoi, après les satisfecit des pro-Bruxelles, de remettre un peu d’huile sur le feu par l’intermédiaire de l’eurodéputé néerlandais Verts/ALE Bas Eickhout, qui demandait sur Twitter à ce que les Français «laissent (les députés européens) tranquilles» en ne surchargeant pas davantage le nombre de sessions strasbourgeoises cet automne au motif qu’une leur aurait échappé.

Photo: David Sasoli, Président du Parlement / Photo: Alexis Haulot / © European Union 2020 – Source: EP