L'exercice de communication de Kyriakos Mitsotakis ne convainc pas l'ensemble du Parlement

Lors de son discours aujourd’hui devant le Parlement européen, l’image de son pays tracée par le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, aurait pu avoir de quoi faire rêver: tant quant au redressement économique de son pays que de son engagement européen et de la défense des valeurs de l’Union. Mais l’exercice fut bien plus houleux que prévu.

«Désormais, en plus d’être parmi les pays dont la croissance est la plus forte en Europe, la Grèce est aux avant-postes du combat pour l’avenir de l’UE – dans la réponse de l’UE à la pandémie, ainsi que dans la protection des frontières extérieures contre l’instrumentalisation des migrants faite par la Turquie et ses agressions vis-à-vis de la Grèce et de Chypre», s’est-il ainsi, dans un premier temps, félicité.

Demandant plus de solidarité sur ces questions, il a également appelé à l’élargissement de l’UE aux Balkans occidentaux, ainsi qu’à une plus forte intégration, notamment dans les domaines de l’énergie et de la défense. Il a souligné le rôle qu’était prête à tenir la Grèce pour renforcer l’autonomie énergétique et la transition verte de l’UE, via une série d’infrastructures et d’initiatives de coopération en Méditerranée orientale. Évoquant la guerre russe contre l’Ukraine, il a souligné qu’il n’y avait qu’un camp à soutenir, celui de la démocratie, de la justice, de la paix et du droit international. Cela signifie soutenir l’Ukraine et empêcher tout fait accompli qui créerait un précédent dangereux pour d’autres forces révisionnistes.

De même, Kyriakos Mitsotakis a confirmé qu’il était en faveur d’une action coordonnée pour freiner la hausse fulgurante des prix de l’énergie, ce qui protégerait également l’UE en limitant l’espace des discours populistes. L’UE doit protéger la liberté et la prospérité pour lesquelles les générations précédentes se sont battues tout en continuant à construire une identité européenne et à se battre pour une stabilité durable, a-t-il conclu.

Mais en réponse à ce discours, c’est un Parlement divisé qu’il a trouvé face à lui: si certains députés se sont concentrés sur les succès du gouvernement grec en matière d’économie, et le rôle important joué par la Grèce dans la protection des frontières extérieures de l’UE, d’autres n’ont pas manqué de souligner que le taux de chômage demeurait très élevé et ont demandé davantage d’investissements verts et sociaux, notamment à destination des jeunes. Quelques-uns ont même évoqué le grand nombre de rapports faisant état de refoulements illégaux de demandeurs d’asile et les inquiétudes relatives au respect des valeurs de l’UE par le pays ces derniers temps, en particulier de l’État de droit et de la liberté des médias.