La «grosse Suisse molle»: des propos «déplacés», «inacceptables»

Des «propos déplacés», pour le quotidien suisse Le Matin. Une tonalité «pour le moins désobligeante», pour l’ambassadeur de Suisse à Paris, Roberto Balzaretti. De retour d’Ukraine avec une délégation du Parlement européen qu’elle co-conduisait avec David McAllister (PPE, DE), président de la commission des affaires étrangères, la présidente de la sous-commission «sécurité et défense», Nathalie Loiseau (Renew Europe, FR), n’a à nouveau pas manqué de se faire remarquer dans l’arène politique européenne. Après, selon le quotidien belge Le soir, avoir qualifié en «off» Manfred Weber d’«ectoplasme», alors que celui-ci briguait pour le PPE la présidence de la Commission, l’ancien Premier ministre Belge Guy Verhofstadt de «vieux de la vieille qui a des frustrations rentrées depuis quinze ans» ou déclaré à propos de son autre collègue néerlandaise Sophie in’t Veld, que «ça fait quinze ans qu’elle perd toutes les batailles qu’elle mène», ce sont cette fois nos voisin helvètes qui se sont retrouvés sous le feu d’une communication pour le moins hasardeuse de l’ancienne ministre française des affaires européennes, lorsque celle-ci, dans un entretien accordé au Point, a déclaré, cette semaine, à son retour d’Ukraine que l’Union européenne ne devait être, «Face à Moscou», «une grosse Suisse molle» dans sa gestion de la crise ukrainienne.

Tenu de réagir mais avec un raffinement plus certain, Roberto Balzaretti, également ex-secrétaire d’Etat aux affaires européennes, a pris soin de rappeler à Nathalie Loiseau qu’au-delà de ses propos «inacceptables», «nous (la Suisse, ndlr) faisons les mêmes choses: aider l’Ukraine, amener les Russes à la table des négociations». «Les moyens des uns et des autres sont (simplement) différents». Un accord au moins, côté suisse, sur le fond du dossier, et une élégance qui pourrait renvoyer la présidente de la sous-commission parlementaire «sécurité et défense» au conseil qu’elle avait elle-même envoyé par mail à ses collègues LREM, avant que n’éclate l’affaire du «Off»: «la jouer modestes et surtout pas arrogants. Les prédécesseurs d’autres familles politiques n’ont pas toujours eu cette finesse. Les Français ont donc une mauvaise réputation à contredire».