Juncker à Washington pour empêcher une «guerre commerciale totale»

Droits de douane sur l’acier et l’aluminium européens, retrait américain de l’Accord de Paris sur le climat et de celui sur le nucléaire iranien ; taxes, en représailles, sur les Jeans, Harley-Davidson ou encore beurre de cacahuète, pour palier les 2,8 milliards d’euros les dommages causés par l’offensive commerciale lancée début juin par Washington. Menace, à présent, d’augmenter les taxes sur les importations d’automobiles européennes, avec pour effet que Bruxelles se prépare, une seconde fois, à riposter en traçant les contours d’une liste de produits américains susceptibles d’être taxés dans les mêmes montants. C’est dans ce climat on ne peut plus houleux que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, se rendra mercredi à Washington, afin d’éviter toute escalade et d’empêcher une «guerre commerciale totale» avec Donald Trump qui qualifiait encore la semaine dernière l’Union d’«ennemie».

«Nous nous rendons là-bas avec les meilleures intentions», a cherché à temporiser la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, qui accompagnera l’ancien Premier ministre luxembourgeois à cette occasion. Mais temporiser ne signifie pas déposer les armes, a prévenu de son côté Juncker de l’avis duquel nous «continuerons à répondre aux provocations» et à toute «vaines tentatives de diviser les Européens». Réponse de sourd ou presque, samedi dernier, en marge du G20, du Secrétaire au Trésor Steven Mnuchin : «Si l’Europe croit au libre-échange, nous sommes prêts à signer un accord sans droits de douane, sans obstacles non tarifaires aux échanges (quotas, certaines normes de productions, limitant de facto les importations) et sans subventions». Une perspective bien trop prématurée pour le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, qui répondait dans la foulée que les Européens « refus(eront) de négocier avec un revolver sur (la) tempe». Qu’avant tout accord, le président Trump devait accepter de faire machine arrière sur l’acier et l’aluminium et lever ses menaces sur le secteur automobile européen. Un point partagé par la Chancelière Angela Merkel pour laquelle l’édiction de droits de douane sur les automobiles violeraient non seulement les règles de l’Organisation mondiale du Commerce mais pourraient aussi «mettre en danger la prospérité de nombreuses personnes dans le monde». A commencer par les 800.000 employés du secteur Outre-Rhin.

Photo: Donald Trump, Donald Tusk and Jean-Claude Juncker (de gauche à droite) / Mauro Bottaro / © European Union, 2017 / Source: EC – Audiovisual Service