Discours de haine et populisme xénophobe en hausse en Europe

Alors que le Protocole n°12 à la Convention européenne des droits de l’homme, qui prévoit l’interdiction générale de la discrimination, n’a été ratifié que par 20 des 47 États membres du Conseil de l’Europe, le rapport annuel de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) alarme sur l’enracinement du discours de haine et du populisme xénophobe en 2018. Selon le document, publié hier, «l’inquiétude grandissante de l’opinion publique face aux mutations économiques, géopolitiques et technologiques est exploitée en désignant comme boucs émissaires les migrants et les minorités; les personnalités politiques populistes en particulier cherchent à diviser les sociétés selon des critères nationaux, ethniques ou religieux. Ces opinions ne se limitent pas aux extrêmes de l’échiquier politique, mais s’observent également de plus en plus au sein des partis politiques traditionnels et des gouvernements nationaux».

Même si des avancées restent parallèlement observées parmi lesquelles la création – «par un nombre croissant d’Etats membres» – de points de contact spéciaux au sein de la police, chargés d’assurer la liaison avec les groupes vulnérables, le taux d’intégration des réfugiés et des bénéficiaires d’une protection internationale/humanitaire sur le marché de l’emploi reste faible, en particulier parmi les femmes, précise encore le rapport.

Sur le plan communautaire, l’islamophobie et l’hostilité à l’égard des immigrés ont augmenté en 2018. «Les femmes musulmanes sont souvent la cible d’actes de violence. Souvent, on leur arrache leur voile ou leur foulard, ou on leur crache dessus. Les personnes d’ascendance africaine qui sont nées en Europe ou y vivent depuis longtemps suscitent également une animosité croissante. De plus, les Noirs font souvent l’objet d’un profilage racial de la part des forces de l’ordre». Enfin, «les Juifs restent confrontés à la haine antisémite, qui peut prendre un caractère violent. Elle est souvent considérée comme une réaction qui se justifierait par rapport aux actes du Gouvernement israélien» Une «légitimation» d’actes antisémites que l’ECRI appelle les Etats membres à dénoncer «plus fermement».

Photo: Julian Buijzen sous licence creative commons