Cambodge: Lourde addition pour le régime

«Compte tenu de la durée, de l’ampleur et de l’impact des violations, par le Cambodge, des droits à la participation politique et aux libertés d’expression et d’association, l’Union européenne n’a eu d’autre choix que de retirer en partie les préférences commerciales », a commenté Josep Borrell, le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne, en marge du retrait d’une partie des préférences tarifaires accordées au Cambodge au titre du régime commercial «Tout sauf les armes» (TSA) de l’Union européenne. Motif principal invoqué : les violations graves et systématiques des principes en matière de droits de l’homme consacrés par le pacte international relatif aux droits civils et politiques. «L’Union européenne ne restera pas passive face à l’érosion de la démocratie, aux atteintes aux droits de l’homme et à la suppression de la liberté de débattre, a-t-il poursuivi. La décision d’aujourd’hui reflète notre engagement déterminé aux côtés du peuple cambodgien et en faveur de ses droits et du développement durable du pays. Si elles veulent que les préférences commerciales soient rétablies, les autorités cambodgiennes doivent prendre les mesures qui s’imposent».

Le retrait des préférences tarifaires – et leur remplacement par les tarifs standards de l’UE (nation la plus favorisée, NPF) – qui – sauf objection du Parlement et du Conseil – devrait entrer en vigueur le 12 août prochain représentera pas moins d’un cinquième (soit 1 milliard d’euros) des exportations annuelles du Cambodge vers l’UE. Principaux biens affectés : certains produits textiles et certains types de chaussures, ainsi que tous les articles de voyage et le sucre. Ferme à son tour, le commissaire chargé du commerce, Phil Hogan, a pour sa part relevé que si «l’Union européenne est déterminée à soutenir le développement économique et social du Cambodge au moyen des préférences commerciales (…), le respect des droits de l’homme n’est pas négociable pour nous». Ceci avec l’espoir que ces sanctions inciteront les autorités cambodgiennes à mettre « fin aux violations des droits de l’homme », et plus particulièrement de rétablir les droits politiques des membres de l’opposition et d’abroger ou de réviser des lois, telles que la loi sur les partis politiques et la loi sur les associations et les organisations non gouvernementales.

Photo: Josep Borrell / Photographer: Oliver Bunic / European Union, 2020 / Source: EC – Audiovisual Service