Jean-Claude Juncker: «Je suis persuadé qu’il est de l’intérêt du Royaume-Uni et de l’Europe de rester ensemble»

Alors que tous les regards se focalisent encore sur l’éventualité d’un «Grexit», la possibilité d’un référendum au Royaume-Uni continue de susciter le débat.

Interrogé le 16 janvier dernier sur la possible sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne alors qu’il donnait son discours de clôture de la 8ème promotion du Cycle des Hautes Études Européennes de l’ENA placée sous son parrainage, Jean-Claude Juncker explique qu’il souhaiterait que le Royaume-Uni reste membre de l’Union européenne et qu’il serait prêt à écouter les demandes britanniques. Par contre, le Président de la Commission européenne a précisé qu’il y avait tout de même des lignes rouges qu’on ne peut dépasser, faisant notamment référence à la libre circulation des travailleurs au sein de l’Union européenne.

«Des lignes rouges qu’on ne peut dépasser»

La réponse de Jean-Claude Juncker n’est pas nouvelle mais gagne en force à chaque prise de parole de l’ancien Premier ministre luxembourgeois. Pas nouvelle parce que la montée des réticences et inquiétudes de l’opinion publique britannique face aux migrants intra-communautaires – et plus particulièrement ceux issus des anciens pays d’Europe centrale et orientale – date déjà de 2012, lié à la poussée du parti europhobe UKIP de Nigel Farage. Pas nouvelle non plus parce que David Cameron n’a jamais caché sa volonté de demander une renégociation des relations de son pays avec l’Union européenne en amont de son projet de référendum sur l’adhésion de son pays à l’Union, s’il venait à conserver son poste en mai prochain. Un référendum qu’il souhaiterait en outre, depuis la première semaine de janvier, pouvoir tenir dans des délais plus rapprochés; avant fin 2017, date butoir initialement envisagée par le chef de l’exécutif britannique. La différence peut-être, ce 16 janvier, tient à la fermeté de Jean-Claude Juncker que l’on disait, en amont de son élection à la tête de la Commission, seul candidat à même de tenir tête à des dirigeants comme Angela Merkel ou David Cameron. Car si le Président de la Commission se dit « prêt à examiner avec tout le sérieux requis, et même l’amitié exigée, les desiderata britanniques, il y a tout de même des lignes rouges qu’on ne peut pas dépasser » : qu’il s’agisse de la non-discrimination entre citoyens de l’Union européenne quant à l’accès aux aides sociales nationales ou «lorsque l’on évoque la fin de la libre circulation des travailleurs».

«On peut lutter contre les abus»

«Dans une telle optique, il n’y a ni débat, ni dialogue, ni compromis», tranche Jean-Claude Juncker, grave et serein. «On peut lutter contre les abus (…) mais le législateur européen ne va pas changer les traités»… Quant au fond, et en dehors de tout calcul politique en vue des prochaines échéances législatives de mai prochain susceptibles d’influencer le discours de David Cameron, une étude du Center for Research & Analysis of Migration de l’University College de Londres, publiée le 5 novembre dernier, le désavoue. Loin de représenter une source d’abus en matière de prestations sociales, les migrants intracommunautaires ont en effet rapporté 26 milliards d’euros aux caisses du Trésor britannique entre 2001 et 2011, souligne-t-elle. 26 milliards dont 5 à mettre au crédit des ressortissants des Etats membres de l’Est de l’Union, soulignant non seulement que ceux-ci n’avaient, au cours de cette période, pas grevé les finances publiques insulaires mais qu’ils avaient, tout compte fait, payé bien plus d’impôts que touché de prestations sociales…. De quoi conforter un peu plus la position de Jean-Claude Juncker.

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