Atteintes aux droits des femmes: la face (de moins en moins) cachée du COVID-19

COVID-19 et droits des femmes ne font définitivement pas bon ménage, confirme le rapport annuel 2021 sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’UE. Selon le document, publié par la Commission européenne, «la pandémie a exacerbé les inégalités qui existent entre les femmes et les hommes dans presque tous les domaines de la vie, en Europe et au-delà, en remettant en cause des améliorations acquises de haute lutte ces dernières années». Premier constat: le nombre de signalements de violence domestique en France a augmenté de 32% au cours de la première semaine du confinement et de 20% en Lituanie au cours des trois premières semaines. En Irlande, le nombre d’ordonnances émises pour protéger les victimes de violence domestique a été multiplié par cinq, et en Espagne, les autorités espagnoles ont fait état d’une augmentation de 18% des appels aux services d’aide au cours de la première quinzaine de confinement.

Second constat: les femmes étaient en première ligne pour lutter contre la pandémie. 76% des professionnels de la santé et des travailleurs sociaux et 86% des aides-soignants sont des femmes. «A cause de la pandémie, les femmes actives dans ces secteurs ont subi une augmentation sans précédent de leur charge de travail, des risques pour leur santé et des difficultés à concilier vie professionnelle et vie privée».

Parallèlement, et hors ces fonctions professionnelles, les femmes ont été plus dûrement touché que les hommes sur le marché du travail, celles-ci étant surreprésentées dans les secteurs les plus touchés par la crise (commerce de détail, hôtellerie, soins et travaux domestiques). Elles ont également eu davantage de difficultés à réintégrer le marché du travail lors de la reprise partielle de l’été 2020, où les taux d’emploi ont augmenté de 1,4% pour les hommes, mais seulement de 0,8% pour les femmes entre les deuxième et troisième trimestres 2020.

Sur les soins non rémunérés et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, le constat est tout autant alarmant, note le rapport. Les femmes ont, en moyenne, passé 62 heures par semaine à s’occuper des d’enfants (36 heures pour les hommes) et 23 heures par semaine à accomplir des tâches ménagères (15 heures pour les hommes).

Enfin, le manque flagrant de femmes dans les organes décisionnels liés à la COVID-19 est également pointé du doigt: selon une étude de 2020 les hommes sont beaucoup plus nombreux que les femmes dans les organes créés pour faire face à la pandémie. Sur les 115 task forces nationales dédiées à la COVID-19 dans 87 pays, dont 17 États membres de l’UE, 85,2% étaient composées principalement d’hommes, 11,4 % composés principalement de femmes et seulement 3,5 % étaient paritaires. Au niveau politique, seuls 30 % des ministres de la santé de l’UE sont des femmes. Soucieuse de montrer l’exemple, la Commission indique néanmoins, que son groupe de travail chargé de la crise de la COVID-19 est à l’inverse dirigé par la présidente von der Leyen et comprend cinq autres commissaires, dont trois sont des femmes.

Photo: Photographe: Jennifer Jacquemart / European Union, 2021 / Source: EC – Audiovisual Service